rhett ■ « can't you hear me, i'm here i'm whistling in your ear. »

Il est couvert de tatouages mais chacun d'entre eux possède sa propre histoire et a une signification particulière. ■ Il a parcouru le monde pendant près de 5 ans. ■ Bisexuel. ■ La chose dont il est le plus fier est Jake, son fils. ■ C'est toujours bizarre pour lui de travailler au lycée et de se voir dans la vitrine des trophées tous les jours. ■ Il a coupé tout lien avec les personnes de son passé, hormis une seule. ■ Il ne touche plus ni à la drogue ni à l'alcool depuis un an. ■ Les marionnettes le terrifient. ■ Il est également claustrophobe, préférant être à l'air libre et libre de ses mouvements. ■ Au lycée, il était capitaine de l'équipe de foot et n'a eu de cesse de flirter et d'enchaîner les histoires sans lendemain. ■ Il n'a aimé que deux personnes. ■ Mais les a quitté en mauvais termes, à chaque fois, prenant garde à leur briser le coeur pour éviter qu'ils ne souffrent plus. ■ Il a la fâcheuse manie de se ballader torse nu. ■ Au plus grand bonheur des dames et de certains hommes. ■ Il a du mal à rester en place. Même assis, il ne cesse de remuer. ■ Il aime cuisinier mais n'est pas réellement doué. ■ Une fois, il a même réussi à brûler des spaghettis. ■ Du coup, c'est surgelé et vente à emporter la plupart du temps. ■ Il adore aller aux réunions des parents d'élèves mais reste en général coincé sur les tables non adaptées à sa carrure. ■ Son blackberry ne le quitte jamais.

Rhett était dans sa chambre. Il tremblait de la tête au pied. Il avait un mal fou à respirer, impossible pour lui de calmer les battements de son cœur. Impossible pour lui de respirer à nouveau tandis qu’un poids immense pesait sur sa poitrine l’empêchant d’imaginer l’air entrant et sortant de ses poumons. Impossible pour lui de retrouver un semblant de normalité après ce qu’il venait de se passer. Il se passa les mains sur le visage, expirant profondément. Lentement, il rouvrit les yeux et ces dernières se posèrent sur sa main tremblante de soubresauts incontrôlables. Il entendant encore les cris. Le hurlement de l’air qui déchire l’air. Les pleurs qui se réverbèrent sur des toits désolés. Le fracas des tôles d’acier emportés et s’entrechoquant. Le bruit sourd des corps qui retombaient encore et encore et encore. Le regard d’acier de son père. La terreur qui s’échappait de sa poitrine. Qu’as-tu fais ? Qu’as-tu fais ? Ce n’est pas comme ça que je t’ai élevé. Ce n’est pas pour ça que ta mère a donné sa vie. Il hocha brusquement et négativement la tête comme atteint de tics et de tremblements, comme s’il regagnait son corps. Un corps qui l’avait quitté en même temps que cette tornade venu d’où il ne savait où.

« C’est ce que tu es Rhett. C’est ça ton pouvoir. »

Il se souvenait de la première fois. Du rire et de l’émerveillement qui l’avait consumé lorsqu’il avait découvert cette capacité. De la fierté paternelle de voir sa progéniture bénéficier d’un don exceptionnel qui pourrait l’amener à suivre les pas de la famille et protéger les humains. De la retenue maternelle oscillant entre l’accomplissement de voir son enfant trouver un noble but dans son existence et la peur de ce que les autres pourraient penser, du danger qu’il allait nécessairement courir. Les choses avaient changé depuis lors. D’apparence extérieure, il avait tout pour plaire. Il avait une vie de rêve même sans mère pour le guider. Tous les enfants rêvent d’avoir un héros à regarder avec fierté. Tous les enfants veulent devenir leur père, ce héros, quand ils deviennent grands. Rhett avait cela. Peu d’enfant de son âge pouvaient s’enorgueillir d’avoir littéralement parlant un héros comme père. Mais les bandes dessinés, les films, les reportages ne disaient pas toute la vérité. Les longues nuits à craindre de ne pas le revoir au matin. Les journées froides passées dans un silence lourd d’absence du père. Le caractère inflexible de ce dernier lorsque Rhett ne parvenait pas à maîtriser un pouvoir dont il devait pourtant être le maître. Les quolibets des enfants de son âge qui par jalousie ne cessaient d’humilier ce grand gringalet qui devait dissimuler ce qu’il était vraiment. Et maintenant, la culpabilité de ne pas maîtriser, de ne pas savoir où s’arrêter et de tuer plutôt que de protéger. Même involontairement.

« Tant que tu continueras à laisser ce pouvoir te maîtriser, je t’interdis de le révéler. »

Il renifla bruyament et se leva avec brusquerie attrapant au passage sa veste de cuir. Il ne prêta pas la moindre attention à son père qui l’invectivait, lui demandant où il se rendait et lui rappelant qu’il était évidemment privé de sortie. Lorsque son père se mit en travers de son chemin, il le rejeta avec brutalité, lui coupant le souffle sur le coup. Il avait bien grandi depuis. Il était plus massif maintenant que la puberté était passée par là. Il ne prononça pas un mot et descendit à vive allure les marches étroites de l’escalier avant de sortir de la rue et de marcher à vive allure jusqu’au seul endroit qui pouvait l’aider en cet instant précis, voir la seule personne qui lui permettrait d’exorciser ses démons. Il marqua une pause lorsqu’il pénétra l’ambiance tamisée et sombre du bar qui demeurait même en pleine journée. Il n’y avait pas grande monde à cet instant précis et dès que son regard se fut habitué à la pénombre, il scanna les environs à la recherche de Drake. Il remarqua finalement sa silhouette pile au moment où il pénétrait les toilettes pour homme et ne put s’empêcher de sourire, retrouvant une espèce de sérénité en remarquant la partie de billard entamée et les billets posés en principe sur ce dernier en guise de pari comme dissipé.

Il le suivit sans mot dire et comme il le présageait, connaissant parfaitement le personnage, ils se retrouvèrent dans la ruelle derrière le bar. Drake venait encore de faire du Drake et il ne préférait pas savoir dans les détails. Il savait que le jeune homme se savait suivi mais il avait au moins un avantage sur lui. Sans attendre que ce dernier ne fasse le premier geste, ou plutôt ne l’assène du premier coup, Rhett le plaqua violemment contre le mur, sentant parfaitement la résistance du jeune homme retomber comme un soufflet en constatant que ce n’était que lui. Drake n’eut pas besoin de parler : un simple coup d’œil dans son regard et il sut ce qu’il pensait. Abruti. Ils se connaissaient depuis quoi ? 3 ans ? Ils se tournaient autour depuis quoi ? 2 ans et demie ? Rhett s’humecta la lèvre inférieure avant de s’emparer de celle du lycéen beaucoup plus jeune que lui à l’heure adolescente. Et c’était quoi ? La deuxième fois que leurs lèvres se rencontraient, se dévoraient l’une l’autre et qu’ils se sentaient plus à l’étroit dans leur jean respectif.

« T’es chiant. »
« Hé, on ne parle pas comme ça à la star du lycée, gringalet. »
« La star du lycée n’a pas à parler à un gringalet à l’origine. »
« J’ai pas l’intention de beaucoup parler. »
« Allons ailleurs. »

Depuis la rue, il entendait déjà les éclats de voix, ce qui le fit se figer sur place. Pourquoi était-il revenu ? Pourquoi s’imposait-il ça ? Certes, il avait changé mais qu’en était-il de son père ? Il craignait de l’avoir quitté en ivrogne pathétique et de le retrouver des années après en ivrogne pathétique. Comment pouvait-on grandir et évoluer et découvrir que son modèle et héros n’avait pas changé d’un iota. Prenant une profonde inspiration, il marcha les quelques pas qui le séparaient du proche et referma la paume de sa main sur les clés. Fonctionnaient-elles encore ? Son père avait-il changé les verrous dans un instant de colère après la fugue de son unique enfant, la seule famille qui lui restait ? Ou l’avait-il laissé dans l’espoir fou que le fil reviendrait un jour ou l’autre ? Il penchait cependant pour une troisième option, difficile de réfléchir en étant ivre dès 9 heures du matin. Un petit soupir teinté de déception envahit les lèvres pleines du jeune homme lorsque la clé s’enclencha à l’intérieur. Au moins avait-il eu la présence d’esprit de fermer la porte.

« Allez-vous en. Vous n’êtes qu’une bande de petits ingrats. Je suis le grand Diamondhead. »

Le cœur de Rhett se serra au point de saigner alors qu’il posait délicatement son sac sur le sol, sans faire de bruit, observant avec une pitié sans nom son père en train de vociférer à ses interlocuteurs imaginaires. Lors qu’il était parti, son père, ce héros, avait déjà subi les affres de la déchéance mais rien en comparaison de ce qu’il avait face à lui aujourd’hui. Il n’était rien d’autre qu’une épave désormais et il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. S’il était resté, les choses auraient peut être été différentes.

« Vous ignorez à qui vous avez à faire. Mais cette-fois-ci, quand vous me supplierez de vous aider, je dirais non. »

A ce moment précis, son père se retourna enfin vers lui et se figea l’espace de quelques secondes en se retrouvant face à ce fils qui l’avait abandonné, comme son épouse l’avait abandonné face à la Grande Faucheuse. Le temps d’un battement de cils, il lut cent émotions dans le regard de son père, regard qui redevint presque immédiatement vide puis empli d’une colère noire. Le célèbre Diamonhead, franchit d’un pas mal assuré les quelques mètres de distance qui séparait cette famille brisée, vomissant sa haine et sa rage avec un dédain que Rhett ne connaissait que trop bien. Il ne réagit cependant pas lorsqu’il vint à le frapper contre sa poitrine en refusant de nouveau toute l’aide à ses interlocuteurs fantômes. Il était devenu plus fort, son père plus faible.

« Chut, papa. Tout va bien. »

Première fois depuis des années qu’il le prenait dans ses bras. Première fois qu’ils se retrouvaient l’un et l’autre.

« Je suis là. »

Elle n’avait pas changé depuis ces quelques années qu’il ne l’avait plus vu. Elle restait identique à celle qu’il avait conservé en sa mémoire. Ses cheveux étaient peut être davantage blonds maintenant mais c’était le seul changement notable qu’il remarquait chez elle. Elle semblait épanouie, ce qu’elle n’était pas lorsqu’ils étaient ensemble. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle il était parti du jour au lendemain, ayant conscience de lui briser le cœur. Le sien aussi par la même occasion. Il hésita pendant quelques seconds avant de finalement se rapprocher d’elle. La voir à nouveau était comme une renaissance. Tant de choses avaient changé dans son existence depuis leur dernier tête à tête. Il avait traversés des expériences et des tempêtes qui l’avaient détruites avant de le faire renaître à nouveau. La voir était la dernière étape de cette reconstruction. Il avait de nouveau une famille, un emploi, un toit et un but. Il poussa le portail, s’approchant d’elle alors qu’elle se penchait vers un petit garçon. Son cœur battit plus fort en se rendant compte que si lui avait évolué, il en était sans doute de même pour elle également. Comment avait-elle pu aussi tôt ? Le gamin ne devait pas avoir deux ans certes mais bien trop tôt.

« Rhett ?! »

Il n’y avait plus de retour en arrière possible. Il lui offrit un timide sourire en se rapprochant d’elle, le seul dont il était capable à cet instant précis.

« Ann. »
« Qu’est ce que tu fais ici ? Je te croyais parti. »
« Je suis revenu y a deux mois. »

Il avait du mal à la regarder dans ses yeux interrogateurs. Elle avait toujours su lire en lieu comme en un livre ouvert. Histoire d’alléger la discusssion et avoir la réponse à sa question, il le montra du doigt.

« Il est adorable. C’est quoi son nom ? »
« Jake. »
« C’est le tien ? »
« Oui. »

Il s’y attendait évidemment mais le bât blessait tout de même. Bien sûr qu’elle était passée à quelque chose. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Comment avait-il pu croire qu’elle l’attendrait après ce qu’il lui avait fait traverser. Il était le dernier des idiots.

« Alors, tu es marié ? »

Il ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle éclate de rire de cette manière.

« Les mathématiques n’ont jamais été ton fort. »

Confus, il fronça les sourcils, tentant de déchiffrer ses propos, son cœur se mettant à battre à une allure effrénée. Elle attendit quelques instants afin que le lent processus se mette en place dans son esprit et hocha positivement de la tête lorsque le choc envahit le visage du jeune homme.